Le festival de photographie contemporaine Circulation(s) : exploration des évolutions esthétiques et politiques de la pratique
Le Centquatre accueille actuellement la quatorzième édition du festival de photographie contemporaine Circulation(s) jusqu’au 2 juin 2024. Avec vingt-quatre artistes sur 2000 m², le festival ne cesse de prendre de l’ampleur et de se développer année après année en proposant des œuvres de grande qualité. À travers les projets présentés, les organisateurs cherchent à refléter les préoccupations et les engagements de la scène artistique contemporaine. Le tout est porté par un collectif de huit commissaires d’exposition.
L’avant-garde de la photographie contemporaine grâce à l’expérimentation artistique
Malgré la grande diversité des projets, tous les artistes répondent à la même exigence : penser et repenser la photographie en s’ouvrant aux autres médiums – littérature, cinéma, performance – et en s’inspirant de sources multiples et variées. Cette forte porosité aux autres arts et l’absence de réticence des artistes à expérimenter placent ce festival à l’avant-garde de la photographie contemporaine. Les thématiques abordées au sein du festival montrent l’inscription du politique dans le personnel et le collectif et se déclinent de multiples façons.
Des projets à ne pas manquer
Trois projets ont particulièrement retenu notre attention. Le travail photographique de Glauco Canalis, avec son projet The Darker the Night, the Brighter the Stars, s’inscrit nettement dans un esprit de protestation et de révolte. Le photographe italien a suivi la jeunesse du quartier napolitain de Torretta durant une fête traditionnelle bien particulière : le Cippo di Sant’Antonio.
À l’origine, cette coutume païenne marquait le passage vers une nouvelle année ; aujourd’hui, c’est devenu le théâtre de jeux dangereux où s’affrontent gangs rivaux de ce quartier populaire. Glauco Canalis cherche à dépeindre l’aspect rituel et spectaculaire (au sens propre du terme) de ce moment unique dans l’année, à travers tous les codes et dans leur aspect autoparodique notamment.
Tom Kleinberg a exploré l’univers nocturne des ballrooms avec Forgotten in the Dark. Face au constat d’un mouvement créé par et pour les personnes LGBT+ issues des communautés noires et latinos à New York dans les années 1980, la culture ballroom s’est rapidement exportée pour être réappropriée dans des scènes nouvelles ou existantes à travers le monde. Pour mettre en lumière ces communautés souvent reléguées à la nuit, marginalisées et opprimées, le photographe a documenté les espaces ballrooms de Séoul et de Paris et les personnes qui les traversent, dans des portraits saisissants ou des scènes de danse caractéristiques.
Le troisième projet qui nous a particulièrement marqués est celui de Jérémy Appert : Ilinx. À nouveau, il est question de jeunesse, d’une jeunesse qui veut repousser les limites. Ici, c’est un rituel initiatique typiquement marseillais dont il s’agit, celui de sauter dans la mer du haut de la corniche, le plus haut possible, quelles qu’en soient les conséquences. Jérémy Appert s’empare de ce sujet, peut-être pour faire une métaphore de la capacité libératrice de ces sauts à haut risque, pour une jeunesse à l’avenir incertain.
N’oubliez pas qu’il reste encore onze artistes à découvrir parmi les quatorze exposés au Centquatre jusqu’au 2 juin 2024. Le festival est placé sous l’égide de la fluidité, de la diversité et de l’engagement politique. Informations pratiques :
Informations pratiques :
Circulation(s) 2024
Centquatre Paris
Du 6 avril au 2 juin 2024
5 rue Curial, 75019 Paris
Du mardi au vendredi de 12h à 19h
Week-ends et jours fériés de 11h à 19h
Plein tarif : 6 € (tarif réduit : 3 €)
En somme, Circulation(s) est un festival qui regroupe les explorations les plus pointues de la photographie contemporaine. Tout en proposant des projets à l’avant-garde, les artistes sélectionnés présentent une photographie engagée, où l’esthétique et le politique se répondent. Que vous soyez un novice ou un connaisseur de la photographie contemporaine, nous vous conseillons vivement de ne pas manquer Circulation(s). Alors, laissez-vous transporter par la diversité et la qualité des œuvres exposées et plongez-vous dans un univers unique en son genre.
